"Vous en vendez beaucoup?"
"En saison seulement, vous avez de la veine qu'il y ai un orage électrique à ce temps-ci de l'année. C'est rare."
"Ah bon?"
Alors que Jules m'explique les subtilités économiques de sa petite entreprise, mon regard se trouve constamment dérangé par l'étrange rituel de la grosse Germaine quelques pas plus loin. Équipée d'une longue perche, elle touille les nuages du ciel menaçant qui gronde au dessus de nos tête depuis maintenant 5 heures. Agacé par son manège, ce dernier lui balance une décharge de 60 000 volts (c'est tout naturel). Le visage crispé et le regard défiant, Germaine empale la foudre d'un geste sec en utilisant l'embout métallique de son outil. Elle et le tonnerre hurlent à l'unisson.
Elle de joie, lui, de douleur.
La grosse femme dépose l'éclair agonisant dans un grand pot de verre alors que Jules attire mon regard d'un claquement de doigt.
"Alors?"
"J'en prend deux."
"27$ mon p'tit gars."
Vingt minutes plus tard, au volant de ma rutilante décapotable rouge, je pense à la suite des choses. Le tintement des deux pots de verres posés sur la banquette arrière m'emplit d'excitation. Oui. Je vais pouvoir y arriver.
"Nous pourrons accomplir l'improbable dès demain." Constatais-je à haute voix.
Non... Je préfère certifier.
"Nous pourrons accomplir l'improbable dès demain." Certifiais-je à haute voix. "Mais l'impossible prendra un peu plus de temps."
Un large sourire se dessine sur mon visage fouetté par le vent alors que le ciel s'éclaircit sous moi.
Pardon? Sous moi?
"Oh."
J'aurais dû remarquer cette façon si caractéristique qu'a le paysage de tourner lorsqu'on se trouve au volant d'une voiture qui a perdu le contrôle et qui va s'écraser au fond d'un ravin. J'ai toujours su que cette route était mal tracée.
Quelle maladresse.
(à suivre.)
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