“Toute cette histoire sens mauvais, très mauvais” dit tout haut Gilles Potier en allumant d’une main tremblante sa huitième cigarette de l’heure. Ayant perdu la maîtrise de ses nerfs, ceux-ci en ont profité pour faire grimper la demande en nicotine histoire de se payer une petite “boom” improvisée. Le tout au dépens de sa trachée qui commençait à l’irriter sérieusement. Il prit tout de même une grande bouffé qu’il retint longtemps dans ses poumons. “Encaissez ça et foutez-moi la paix” pensa-t-il. Il recracha ensuite un gros nuage de fumée blanche qu’il envoya caresser le globe lumineux qui pendait à un mètre du plafond. Sa main cessa de trembler. Il en profita donc pour agripper une enregistreuse sur son bureau et appuya sur play. Le son ambiant de la rue inonda la pièce et Gilles se remémora les traits physiques des deux personnes qu’il avait filé à leur insu. Il réécouta la longue conversation qu’ils eurent.
Gilles coupa l’enregistreuse. Sa main se tendis machinalement vers un verre sur son bureau qui n’existait pas. Il avait cesser de boire. Dommage. Il en aurait eu bien besoin. Car voyez-vous, ni Julie Couillard, ni Denis Coderre, Mark Gregory Hambley ou Stockwell Day, ni les mises en demeure, le réseau de prostitution, ni même les terroristes n’effrayait Gilles H. Potier.
Non… Il en avait vu d’autres.
Ce qui l’effrayait vraiment, c’était que tout ce beau roman savon prêt à être étalé sur la place publique, une occasion en or de faire couler un océan d’encre, n’occupe qu’une minuscule place dans le fil médiatique. Un tel blocage fortifiait solidement la crédibilité de cette dame pensa-t-il. En plus, le mutisme obstiné depuis le début de la campagne électorale, habituellement un terreau fertile pour les accusations à blancs…
Quelque chose clochait sérieusement.
Gilles considéra le silence de son bureau. Il eut peur pour la première fois depuis longtemps.
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