
C’est que le soleil plombait ce jour là, directement sur la tête de X. Ce n’était pas un moment décisif, c’était le milieu de la quatrième manche. Son équipe menait déjà 4 à 2 et alors qu’il s’élançait lassement dans le cercle des frappeurs, attendant patiemment son tour, des bribes de souvenirs lui sont revenus. Tout ce rituel lui avait toujours plu, une présence au bâton pouvait être si longue et contemplative tout en étant un duel sans merci. Entendons-nous ici, la beauté réside dans les temps mort, les silences et les pauses, du moins au baseball.
Cette idée replongea X dans ses souvenirs d’un match de 1978 qu’il avait été voir au Fenway Park avec son pè

Louis Calhoun des Yankees avait frappé un double sur la première offrande de Baumbach, un véritable coup de tonnerre qui avait percuté de plein fouet le grand monstre vert du Fenway Park. Le père de X avait bondi de son siège aussitôt et s’était mis à crier de joie. X lui n’avait toujours pas décidé de prendre parti, ce n’était encore seulement que le début de la joute après tout, malgré cela il avait été gêné immédiatement de la réaction de son père. Puis les frappeurs se succédèrent à la batte un après l’autre. La glissante de Baumbach, ce mystère, cette force destructrice qui depuis tant de manches avait éludé les frappeurs même les plus coriaces était devenu un ballon de plage qu’on lui réexpédiait à qui mieux-mieux. Le mercure atteignait facilement les trente degrés celcius et tout les partisans dans le stade savaient pertinemment que Baumbach avait sûrement encore plus chaud qu’eux. Le père de X s’époumonait de plus en plus à encourager ses précieux Yankees, il

Mais cet après-midi de juillet 1978, alors que les Yankees expédiaient en lieu sûr les balles jadis redoutables de Billy Baumbach, quelque chose avait changé invariablement chez X. Après 7 coups sûrs consécutifs et 5 points mérités, l’entraîneur des Red Sox Butch Malone s’était rendu lentement au monticule faisant preuve d’un calme à la limite du désintérêt, chose qu’on ne pouvait que voir au baseball. Le temps s’était arrêté dans le Fenway Park, pendant que le coach marchait lourdement sur le gazon, crachant à l’occasion. Tout ce que X semblait entendre était son père qui continuait de cracher son venin sur Baumbach. Tout ça se déroulait au ralenti à travers les yeux de X qui rougissait de honte un peu plus à chaque minute. Le soleil suspendu derrière le monstre vert dans le ciel orangé, les vendeurs d’arachides qui, pour une fois, faisaient face à la partie eux qui y tournent toujours le dos, l’arrêt-court Raul Ortega qui trotte jusqu’à Baumbach pour lui donner une petite tape sur l’arrière-train pendant que Dennis Peverley le frappeur au marbre s’entretenait avec l’arbitre. Personne ne se pose aucune question quand le coach s’en va au monticule, tout le monde savait que c’était la fin pour Baumbach, mais personne n’ose jamais l’admettre. Tout le monde gardait sa position et attendait que Malone prenne la balle des mains de Baumbach et qu’il lui donne une tape sur l’épaule, c’est ça le signal, mais durant les secondes qui viennent avant, personne ne bouge, tout le monde attend. Dans ce silence, X était assis gravement pendant que son père l’ignorait complètement, trop heureux pour ses Yankees. X lui pleurait silencieusement pour une balle glissante qui avait cesser de glisser semble t’il…
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